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07/03/2008

"Mourir cela n'est rien, ...

... mourir la belle affaire, mais vieillir, ah, vieillir!"

Pour ceux et celles qui n'ont pas une culture Brelesque avancée, cette phrase ne dit peut-être rien. C'est le refrain d'une des chansons de Brel que je préfère (il y en a pas mal que je préfère en fait et quelques rares que je n'aime pas du tout).
Bon, on comprend ce qu'il veut dire par là. La mort n'est rien, c'est la déchéance de la vieillesse qui est dure à vivre. Même si je comprenais cette phrase, je ne la ressentais pas il y a quelques années. Mais maintenant, en voyant ma mère vieillir (mal) et en vieillissant moi même, je la ressens profondément.

J'ai perdu mon père il y a pas loin de 13 ans. Il est mort comme on dit "en pleine santé". Bien sûr à son âge (71 ans) il avait des petits problèmes physiques inévitables. Mais c'était quelqu'un de très actif qui passait toutes ses journées à bricoler. Il a fait énormément de choses dans la maison qu'ils avaient acheté à Marseille (et où ma mère vit toujours) et encore plus dans la maison de famille des Pyrénées.

En 14 années (de sa retraite à sa mort) il a transformé une vieille baraque de village, sans salle de bain, ni cuisine digne de ce nom, avec des pièces pas très fonctionnelles, 2 chambres bricolées au grenier, un seul WC au rez-de chaussée (et encore il y avait un WC, installé par mon grand-père, ce qui n'était pas le cas de la plupart de ces maisons, on allait dans l'étable ou dehors) en maison avec 1 salle de bain et 1 WC à chaque étage, 4 vraies chambres, une grande salle avec une grande cuisine attenante et un rez de chaussée servant d'atelier.
Bien sûr, il n'a pas fait le gros oeuvre tout seul (cheminée, dalle pour la cuisine, redressement d'un mur qui s'écroulait), mais tout le reste c'est lui.
Il est mort un dimanche soir après avoir posé un robinet dans le garage dans l'après-midi. Comme ça, d'un coup, probablement d'une rupture d'anévrisme.

Et puis, je vois ma mère qui se dégrade, qui perd la tête, qui a plein de douleurs et je me dis que la mort de mon père, même si elle fut un choc pour nous, c'est une belle mort. Une mort comme on s'en souhaite. En tout cas, comme je me souhaite, pas trop vieille et pas trop dégradée. Juste assez vieille pour avoir accompli quelques trucs: finir de mener ma fille vers l'âge adulte et l'indépendance, pondre encore quelques oeuvres. Et c'est tout. Après ça: rideau.