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13/02/2009

Les profiteurs et les autres

Tous ceux qui participent à la vie d'une association connaissent le "problème". Dans une association, où tout le monde est bénévole, tu as ceux qui se donnent à fond dans la vie de l'association et ceux qui se contentent de profiter. Et non seulement de profiter, mais aussi assez souvent de critiquer ceux qui font.

Lorsque ma fille avait 5 ans, mon mari et moi avons participé pour la première fois à la kermesse de son école. Les parents volontaires pour tenir les stands ne se bousculaient pas, on imagine. Si bien que nous avons été requis tous les deux, lui pour tenir le stand du "jeu de massacre", moi pour le stand maquillage. Une autre maman nous a affirmé: "ma mère s'occupera de votre fille en même temps que de la mienne".

Bon, pas de problème. A part que rapidement je me suis aperçue qu'en fait la grand-mère s'occupait de sa petite fille, mais pas du tout de ma fille. Je la voyais surgir de temps en temps, en larmes, parce qu'elle était toute petite et elle ne pouvait même pas s'approcher des stands pour jouer, tant les enfants plus grands la bousculaient. Sans compter qu'il était quand même dangeureux pour un enfant si petit de se balader seule au milieu d'une foule.

Finalement mon mari a laissé tomber son stand pour s'occuper de ma fille. Merci à lui d'avoir eu le courage de laisser son stand en plan avec les "requins" que sont les autres parents et qui, eux, ne s'étaient pas emmerdé à faire du bénévolat, mais se contentaient de profiter de la kermesse.

Moi j'ai continué mon stand maquillage et j'ai eu droit, en plus, à un de ces "requins".

C'était en 1998, l'année de la coupe de monde. Je faisais toutes sortes de maquillage, mais ce qui dominait, surtout pour les garçons, c'était le drapeau bleu/blanc/rouge en forme de rond (ballon) sur les joues.

A la fin de la kermesse, j'étais épuisée (trois heures et demi de maquillage non stop), j'ai donc dit: "j'arrête". A ce moment là surgit une femme avec son fils: "pouvez pas lui faire un ballon bleu/blanc/rouge?". "Non madame, je suis fatiguée, j'ai dit que j'arrêtais". Et la bonne femme de m'engueuler copieusement. Ben merde alors! Non seulement, je m'étais fait chier à maquiller pendant plus de trois heures, bénévolement, alors qu'elle s'amusait avec son fils, mais en plus elle a eu le culot de trouver que j'étais gonflée de ne pas accéder à sa demande.

Par la suite, nous n'avons plus participé tous les deux. Et puis plus du tout. J'en avais marre de me faire critiquer à chaque fois par les glandus qui ne font rien et profitent de ceux qui font.

 

12/10/2008

C'était hier

Deux années tout juste que mon compagnon m'a quitté. Je n'ai pas voulu faire une note dessus hier, aussi j'ai fait cette note gaie/poétique sur le jardin, mais bien entendu je n'ai cessé d'y penser.

En fait cette pensée me perturbe depuis une dizaine de jour. Je dors encore plus mal que d'habitude et je n'arrivais plus à récupérer dans la journée, contrairement aux jours précédents où de temps en temps, je me rattrapais un peu avec une sieste.

Et ce matin, la date étant passée, j'ai enfin réussi à dormir jusqu'à presque 10 heures et à récupérer un peu de sommeil.

Il me manque toujours. Il me manque parfois avec une intensité à peine soutenable. Je n'en ais pas eu assez de notre amour. Je n'en avais pas fait le tour et exploré toutes les possibilités. D'où cette sensation d'inachevé. Et ça ne sera jamais achevé.

 

01/10/2008

J'ai la mémoire qui flanche ...

Pour mettre un meuble à la cave, je l'ai débarrassé des papiers qui étaient dedans. Il y avait toutes sortes de choses, y compris des photos, dont je ne me souvenais plus qu'elles étaient là, des cartes postales, divers autres papiers et des carnets. Parmi ces carnets une sorte de carnet de brouillon en papier de mauvaise qualité sur lequel j'avais écris une sorte de journal entre 1989 et 1992, surtout des rêves, mais aussi quelques réflexions sur ma vie d'alors.

J'y parle de personnes qui, semble-t-il, avaient une certaines importance pour moi à l'époque, puisque pour un certain nombre d'entre elles je parle d'amitié. Et un nom, un nom masculin, à propos duquel je parle d'amour.

Vous me croirez si vous voulez, mais ces noms, ce nom en particulier, je n'en garde absolument aucun souvenir. C'est tout juste si le nom masculin m'est familier. A peine en fait. Je ne sais rien d'autre de lui. Son souvenir semble être passé totalement à la trappe. Je ne sais ni qui c'est, ni où je l'ai rencontré et n'ai aucun souvenir de son physique. Rien, nada, le trou total.

C'était juste avant que je rencontre mon mari et ce que j'ai vécu avec lui a été, dès le début et jusqu'à la fin, si fort que ça semble avoir englouti tout ce qui précédait.

 

06/12/2007

Janvier 1987


En ce temps là, il y avait grève des transports en commun. Le matin j'allais au boulot à pieds (trois quart d'heure de marche) ou des collègues de travail venaient me chercher. Le soir, je rentrais à pieds.

Ce jour là, j'ai attendu longtemps dans le vent froid car mes collègues étaient toujours en retard.

Le lendemain ils ne pouvaient pas venir me chercher, j'y suis allée en taxi. Je me sentais patraque. En fait j'avais attrapé mal la veille et j'avais un début de bronchite, limite pneumonie. J'ai fait ma matinée de travail, puis à midi, je suis rentrée chez moi. Je ne me sentais vraiment pas bien.

A peine à la maison, je prends ma température: 38,9°. Et je me couche. C'était une heure de l'aprés-midi. Le ciel était bas, plombé. Je me réveille vers 17 heures. En regardant par la fenètre, je trouve Marseille toute blanche sous 30 cm de neige. 

Ce jour là entre la grève des transports, les marseillais qui ne savent pas conduire sur la neige et la municipalité qui ne sait pas gérer ce genre de crise, Marseille a été complètement paralysée. Les gens mettaient plusieurs heures à rentrer chez eux. Certains ont passé la nuit dans leur voiture. D'autres les abandonnaient au milieu des rues pour renter chez eux à pieds.

Mon mari, qui n'était pas alors mon mari et que je ne connaissais même pas, a mit deux heures à rentrer chez lui. Il était avec un collègue et ils devaient sortir de leur voiture tous les 100 mètres pour pousser un autre véhicule abandonné au milieu de la route.

Le soir, j'ai réussi à faire venir un SOS médecin et une autre collègue de travail m'a apporté les médicaments le lendemain, en métro qui avait repris du service.

J'ai un souvenir étrange de cette journée. C'était comme si j'étais hors du temps.

29/10/2007

Le club des cinq

Ils étaient cinq à se réunir tous les soirs, pour sortir leurs toutous et refaire le monde.

Paulo, homme d’une soixantaine d’années, à la retraite. Le verbe haut, pète sec. Une forte personnalité, mais le cœur sur la main. Une femme handicapée, c’est lui qui s’occupe de tout : la maison, la maison de campagne, il part parfois pêcher sur sa barcasse. Un Marseillais pur jus. Il promène une chienne épagneul breton, un peu obèse comme souvent ces chiens quand ils vieillissent.
André, même âge à peu près, retraité aussi, venant de la Guadeloupe. Discret, peu bavard. Une femme adorable. Il promène un coller écossais.
Da Silva (on ne l’appelle pas par son prénom, va savoir pourquoi), à peine plus jeune. Grande gueule et peu d’esprit. Toujours à assener des vérités pas toujours très exactes et donner des conseils pas toujours très bons. Il appelle ma fille « la sauterelle ». Une femme gentille et effacée. Il promène un grand chien noir dont je n’ai jamais su la race.
Thierry, la trentaine. Timide, gentil. Il est le seul à ne tutoyer personne, malgré les demandes réitérées de ses compagnons de « promenade ». Il est affecté d’une femme dépressive et d’un fils difficile. Il promène deux caniches, un vieux gris rhumatisant et une toute jeune chienne crème.
Et puis mon mari, la cinquantaine, promenant notre chienne croisée caniche, gentille, mais aboyeuse. D’ailleurs, parmi ces cinq chiens on n’entend qu’elle.
Puis autour de ce « noyau dur » gravitent d’autres personnes. Un employé de la RTM, au crâne lisse comme un oeuf qui promène un bouledogue français. Un autre, qui a toujours vécu dans le quartier, qui a le même prénom que mon mari et promène une minuscule petite chienne aux pattes fines comme des allumettes.

Et puis le club des cinq prit du plomb dans l’aile.

Le premier à partir ce fut Paulo. Un été il dû rentrer de la campagne pour des douleurs au ventre. En trois mois un cancer des intestins l’emportait.
Puis, la femme de André eut un accident mortel et André préféra rentrer chez lui à la Guadeloupe.
Da Silva dû faire piquer son chien, vieux et malade.
Et mon mari qui avec la maladie déserta d’abord de plus en plus souvent le petit groupe, pour s’en aller lui aussi après trois années de souffrances.

Le club des cinq s’est dissout. Il ne reste plus que Da Silva que je croise rarement et qui me demande des nouvelles de « la sauterelle ». Thierry que je vois de temps en temps quand je sors la chienne. Et celui qui a la toute petite chienne qui me raconte comment était le quartier avant, quand il était enfant.

On ne voit plus le soir ce groupe d’hommes entouré un ballet de chiens qui refaisait le monde pendant une bonne demi heure, trois quart d’heure, après le souper et avant le film du soir.
 
(les noms et prénoms ont été modifiés) 

25/09/2007

Youki, Youkette et compagnie

De l'âge de 4 ans à celui de 25 ans, j'ai vécu au même endroit, un appartement dans un immeuble construit en 1960, puisqu'il était tout neuf quand nous y sommes arrivés.

Mes voisins étaient un couple de vieux. Je ne sais quel âge ils avaient à notre arrivé, mais je pense dans les 60 ans, puisque 25 ans après la femme avait dans les 85. A mes yeux de fillette c'était un âge déjà canonique. Lui était à la retraite (il devait être un peu plus vieux que sa femme) et elle n'avait jamais travaillé.

Il était grand et maigre, très courbé et souffrait d'hémophilie. Je l'ai d'ailleurs vu partir plusieurs fois avec les pompiers à cause de ça.

Elle était petite et menue, une souris. Elle mettait une épaisse couche de fond de teint et de poudre pour replâtrer son visage ridée et je détestais lui faire la bise.

Il avaient un chien ou plutôt des chiens, toujours les mêmes, des loulous de Poméranie. Ils s'appellaient tous Youki. Dès qu'un mourrait, ils en rachetaient un autre et ils lui donnaient le même nom. Une fois ils ont eu une chienne et ça a été Youkette. Il m'est arrivé d'aller promener ces horreurs et je n'étais pas spécialement fière de le faire. Ce poil blanc, long, était toujours sale surtout vers l'arrière où les déjections s'accrochaient parfois.

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Voici une photo trouvée sur le net. Dans mon souvenir le poil était plus long, mais peut-être en existe-t-il plusieurs sortes. 

Chez eux, ça sentait le renfermé, le chien pas propre et la poudre de riz dont elle se couvrait. Il m'arrivait de devoir y aller une heure ou deux lorsque j'avais oublié mes clefs (ce qui m'arrivait souvent) et que je me retrouvais à la porte de chez moi.

Les trois pièces étaient pleines comme un oeuf de meubles et de bibelots, on avait peine à s'y bouger. Ils avaient une horloge qui sonnait Big Ben tous les quart d'heure.

Lorsque je fus un peu plus grande, à l'adolescence, le vieux mourrut.

Le vieux avait un frère célibataire qui habitait dans l'Ariège. Il vint pour l'enterrement et logea chez la vieille. Il resta quelques temps, puis tous les deux décidèrent que ce serait mieux de réunir leur solitudes. Ou plutôt le frère pensa qu'il faisait ainsi une bonne action en tenant compagnie à sa belle-soeur.

Ces deux personnes ne s'entendaient pas. Elles passaient leur temps à se disputer et nous prenaient chacune comme confidents de leurs conflits. Chacun estimant que l'autre avait sale caractère et était impossible à vivre.

Quand il en avait trop marre le beau-frère retournait chez lui dans l'Ariège. Puis il revenait et ça recommençait.

Je ne sais pas comment ça s'est terminé. Nous avons quitté cet appartement et perdus de vue les voisins. 

20/09/2007

La traversée du Rubicon

Mes vacances d’enfant et même d’adolescente, jusqu’à l’âge adulte il n’y a pas si longtemps se sont toujours passées dans un petit village, un hameau plutôt, des Pyrénées Orientales.

82810346facf60789e24949951f11afb.jpgLà se trouvait la maison familiale de ma mère et jusqu’en 2000, année où elle l’a vendu j’y suis allée presque chaque année y passer de une à quatre semaines.

En contrebas de ce hameau, il y a un barrage, construit dans les années 30. Mon grand-père a participé à sa construction en tant que maçon.

Cette retenue d’eau est alimentée essentiellement par l’Aude à ses débuts.

Une année, j’avais 20 ans à peu près, ils ont vidés entièrement le barrage. Probablement pour des travaux sur le mur et peut-être aussi nettoyer un peu la vase qui s’accumule. C’était curieux de voir cet endroit que je voyais habituellement couvert d’eau et qui n’était plus que couvert de vase. A milieu coulait l’Aude, ayant retrouvée son lit.

On voyait encore les limites des anciens champs par des alignements de cailloux.

Il me pris l’idée un jour d’aller au gros village qui se trouve à 5 km de là, non en passant par la route, mais en traversant la plaine, ce qui raccourcissait pas mal la balade.

J’ai commencé à patauger dans la boue qui par endroit n’était pas tout à fait sèche. Puis je me suis retrouvée devant la rivière à traverser. Elle était assez large, mais peu profonde.

J’ai enlevé mes chaussures et retroussé mon pantalon en me disant que ce serait facile.

L’eau m’arrivait environ à la moitié des mollets, ce qui est peu. Mais le problème c’est qu’elle était froide, très froide et surtout le courant était très rapide et le fond tapissé de grosses pierres.

Ce fut un moment d’angoisse, à me demander si j’arriverais de l’autre côté sans tomber dans l’eau et être emportée, tant la force du courant était importante, poussant sur mes jambes. J’avançais chaque jambe avec précaution, posant le pied le plus sûrement possible avant de pouvoir soulever l’autre jambe et recommencer.

De l’autre côté c’était un bourbier où j’ai pataugé longtemps avant de pouvoir m’en sortir.

 

Je n’ai pas parlé de mon aventure à mes parents ni ce jour là ni depuis. Il y a des choses dont on préfère ne pas se vanter.