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14/09/2007

Coupable d'être née

Comme chaque mois le rendez-vous avec mon médecin dure une heure, une heure de discussion sur la mort de mon mari et sur tout ce que cela implique pour moi. Ca va même au-delà. Sur la vie en général, la mienne bien sûr. C’est moi le patient, c’est donc à moi qu’on s’intéresse pendant cette heure là.

« Il y a beaucoup de souffrance dans votre vie » m’a-t-il dit cette fois ci en me regardant de son regard aigu qui sait si bien débusquer ce qu’il y a derrière les mots et le vécu.

Un mot s’est imposé alors à moi : « c’est parce que je suis coupable, coupable d’être née ». Coupable d’être née d’abord et d’être née fille surtout. Ma mère attendait un garçon. Après une fille (ma sœur aînée) je ne pouvais être qu’un garçon. Tout avait été choisi en fonction : le prénom, les vêtements (il n’était pas question alors d’habiller une fille avec des vêtements de garçon qui étaient différents non seulement par la couleur, mais par la forme, impossible de mettre une barboteuse à une fille par exemple). A ma naissance tout à dû être donné et racheté. Difficile pour un jeune ménage ayant si peu de ressources.

J’étais donc coupable dès la naissance. De plus comme je suis arrivée trop vite après ma sœur (nous avons 18 mois de différence), ma mère n’avait pas trop de temps à me consacrer. Ma sœur, avec ses 18 mois, lui prenait tout son temps. « Je te laissais dans ton berceau tout le temps et tu étais très sage. Les gens me disaient : mais sortez là un peu de là dedans, mais puisque tu étais si sage, ce n’était pas la peine».

Coupable, j’avais donc bien compris qu’il ne fallait pas trop signaler ma présence. Etre sage, invisible, passer inaperçue.

Par la suite, j’ai vécu dans mon monde, l’autre, le « vrai » monde, n’ayant pas envie que j’existe, j’en avais un autre, à moi, où j’existais, où j'étais bien, acceptée.

Enfant j’étais distraite, très distraite (ça n’a pas beaucoup changé, bien que je me fasse violence pour l’être moins), tout simplement parce que je vivais dans cet autre monde beaucoup moins hostile et m’aimant comme j’étais. Mes souvenirs de la réalité sont parcellaires et peu importants par rapport aux souvenirs de ce monde imaginaire.

Coupable d’être née, je devais être punie et donc souffrir pour expier. Alors ma vie est pleine de souffrance. Et la mort de mon mari en est une de plus.

20/05/2007

Ma fille

Petite note nostalgie. Ce texte a été écrit en 2003. Je ne connaissais pas alors les blogs, mais j'avais fait une partie "humeurs" sur mon site. Je le recopie tel que. Ma fille a évoluée depuis, elle va avoir 14 ans, c'est donc normal, mais le fond du caractère reste le même. Heureusement, elle est un peu plus armée pour se défendre, même si parfois, je dois lui faire comprendre qu'elle ne doit pas être la seule à faire des concessions avec ses amies.

 

L'événement le plus important de ma vie a été la naissance de ma fille. 
J'ai mis longtemps à souhaiter avoir un enfant. Adolescente et même plus tard, je clamais que je ne voulais pas d'enfant. C'était sans doute une révolte contre la seule issue qu'avait alors une fille: se marier et avoir des enfants.
Ce destin me faisait horreur. Non pas pour le côté enfant (encore que je n'en avais pas conscience à l'époque : j'englobais les enfants dans mon horreur du mariage), mais pour le côté obligatoire de ce destin et restrictif aussi.
Moi, je voulais être cosmonaute, peintre, avoir un destin de garçon, quoi ! Je n'ai jamais rêvé, enfant, de grand mariage en blanc, de chevalier m'enlevant sur son blanc destrier, bref de ce dont rêvent les petites filles.
Je n'aimais pas les poupées non plus. Mais j'étais une fille, donc on m'offrait des poupées. Je voulais des jouets créatifs : une mini imprimerie, des jeux de construction. Non, fille donc poupées !
Je n'arrivais pas à me penser comme fille dans ma tête. Dans tous mes rêves j'étais un garçon. Ce n'est que plus tard que progressivement, j'ai commencé à me penser comme fille et à en être fière. Et que les psychanalystes à la petite semaine ne me parlent pas d'envie de pénis. Ce n'était pas le pénis des garçons qui me faisait envie, c'était leur possibilité de destin plus enrichissant que celui des filles.
Puis mai 68 est passé par là. Les choses bougeaient, changeaient. J'ai fait les Beaux-Arts. Pas pour trouver l'homme de ma vie, comme c'était le cas de pas mal de filles qui traînaient là bas (du moins c'était ainsi que les professeurs les voyaient : ils ne croyaient pas sérieusement à leur vocation). Comme j'étais plutôt mal fagotée (je ne suis pas coquette et ne le serais jamais), on m'a prise un peu plus au sérieux. C'est triste à dire, mais c'est ainsi.
En sortant de ces études, j'ai trouvé du travail tout de suite. La vie à filée et j'étais toujours célibataire. Je ne faisais pas beaucoup d'effort pour ne plus l'être. Je ne voyais ma vie amoureuse que comme un bout de chemin avec un homme sans engagement sérieux. Jusqu'au suivant.
Comme j'étais mal dans ma peau, j'ai fait une analyse qui a duré 7 ans. Ca allait mieux. Je me sentais plus à l'aise avec les hommes.
Et j'ai rencontré mon futur mari. J'ai d'abord vu mes relations avec lui comme avec les autres : chacun chez soi et on se voit quand on veut. Au bout de deux jours, il m'a parlé enfant. J'ai poussé les hauts cris : " ô là ! doucement ! pas si vite ! ". Mais habiter aux deux bouts de la ville, quand on a envie de se voir tous les jours, ça commençait à devenir dur. Aussi, deux mois après notre rencontre, nous habitions ensemble. Et moi qui criais " ô là ! ", au bout de cinq mois, j'étais enceinte.
La grossesse, c'est un moment extraordinaire. La mienne ne s'est pas passée sans heurt. J'avais 37 ans, mais j'étais en forme. Je n'ai pas une seconde eu l'inquiétude qu'éprouvent paraît-il toutes les mères : mon enfant sera-t-il normal ? Pourtant j'avais autour de moi quelques oiseaux de mauvaise augure (certaines " amies " ou qui prétendent l'être) qui ne cessaient de me répéter qu'à mon age, il y avait des risques.
Par contre j'ai dû garder le lit presque 7 mois sur les 9. Le moral restait bon et les sensations de la grossesse me comblait. Moi qui ais facilement des problèmes de circulation du sang et de mal de dos, je n'ai éprouvé aucun de ces désagréments des femmes enceintes : jambes qui gonflent et lombaires douloureuses. Pourtant j'ai terminé les derniers mois en plein été puisque ma fille est née à la fin du mois de juillet.
Ah ! L'accouchement ! Comme nous avons de la chance à notre époque et dans notre pays de bénéficier de la péridurale ! Avant que l'anesthésiste arrive avec sa piqûre miracle, j'ai tellement souffert que je ne supportais même pas qu'on me touche. Après, c'était le paradis ! Et j'ai pu profiter pleinement de la naissance de ma fille. 
Lorsque la sage femme l'a posé sur mon ventre, j'ai ris de joie et j'ai dis : "elle est merveilleuse". Et c'est vrai qu'elle l'était. Ni rouge, ni ridée, petite et dodue. 
La suite a été à la hauteur du début. Depuis bébé, elle nous fait rire et nous rend fière d'elle. Elle a marché à 10 mois, parlait couramment à deux ans, était propre au même age. Elle étonnait tout le monde par ses connaissances, son langage élaboré, la justesse de ses réflexions.
Actuellement sans gros efforts, c'est une bonne élève. Meilleure que ce que j'étais à son age ! Elle est douée pour le dessin, pour le piano.
Et gentille. Beaucoup de filles sont un peu chipies, surtout à cet age (10 ans). Elle non. C'est pas le genre à se moquer d'autrui, à relever les défauts pour faire mal. Par contre elle est sensible et facilement blessée par les réflexions des autres enfants. J'essaye de lui donner des forces pour affronter ça, mais c'est difficile.

17/05/2007

Nostalgie télévisée

C'est plutôt pour l'avoir sous la main et le retrouver facilement, voici l'adresse d'un site où on peut entendre les génériques de la plupart des séries, dessins animés et autres émissions télévisées de nos enfances et jeunesses.

 Si en plus ça peut vous être utile aussi.

http://www.coucoucircus.org/index2.php