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24/03/2007

Qu'il est dur de grandir

La veille de mon 51 ème anniversaire, si je fais un petit bilan, je m'aperçois que je n'ai pas encore vraiment l'impression d'être adulte.

La mort de mon mari m'a propulsé dans le monde de la responsabilité totale. Je dois décider seule de tout et prendre le risque de me tromper.

Non que nous ne nous soyons jamais trompé lorsque nous étions deux, mais le fait d'avoir deux cerveaux pour décider des choses importantes de la vie de famille donne une plus grande impression de sécurité, un risque deux fois moindre de faire une erreur.

 

Si je regarde en arrière, je vois d'abord une enfant et une jeune fille rêveuse, souvent déconnectée du monde réel, qui n'est pas aussi sympa que son monde à elle, monde qu'elle s'est créée et dans lequel elle vit plus souvent que dans la réalité.

Puis, je vois une jeune femme qui prend son envol difficilement, qui quitte ses parents tardivement. Qui vit seule onze années. La rencontre d'un bio thérapeute lui permet de grandir un peu, de faire face à ses angoisses d'enfant qui la minent encore à 29 ans et l'empêchent de vivre une relation normale avec les autres, surtout les hommes.

Enfin, c'est une femme débarrassée d'une bonne partie de ses démons (mais pas tous) qui rencontre l'homme qui lui donnera envie de casser son célibat et de faire un enfant. L'enfant vient, puis le mariage, et l'achat d'un appartement à deux qui entérine définitivement la création d'un couple stable et d'un rejeton: une famille quoi.

Cependant qu'en est-il de la maturité mentale? Pas là encore! Le fait d'être avec un homme me ré infantilise un peu. Cet homme puissant au caractère fort, paternel a tendance à me considérer comme sa fille (mais aussi comme sa mère pour certaines choses, c'est un homme après tout).

Comme certaines choses de la vie quotidienne me pèsent, j'ai tendance à me reposer sur lui pour les faire. C'est lui qui fait les comptes, s'occupe de tout ce qui est papier. Comme il fait les comptes et sait mieux que moi où nous en sommes là-dessus, je lui demande toujours son avis pour une dépense. Tout ça ne contribue pas à me rendre plus adulte. Au contraire.

De plus, par son caractère, il a tendance à vouloir tout diriger. Même si je ne me laisse pas faire la plupart du temps, ça accentue ce côté-là.

Puis, c'est la maladie qui le rend de plus en plus faible, de plus en plus dépendant de moi. Me voici forcée de prendre en main certaines choses qu'il faisait: conduire, aller faire les courses seule (nous y allions tous les deux), faire entretenir la voiture. Il continue à s'occuper des comptes et des papiers. Mais sa faiblesse physique ne s'accompagne pas d'une faiblesse morale. Il est toujours le pilier auquel je m'accroche et qui me parait inébranlable, éternel.

Et sa mort arrive et c'est  terminé définitivement du soutient, du pilier.

Me voici totalement indépendante et obligée de finir de grandir, de mûrir. D'autant plus que, contrairement à ma vie de célibataire avant lui, j'ai la responsabilité d'une enfant qui compte sur moi pour tout. Je ne peux plus me laisser aller sur certaines choses en sachant que monsieur sera là pour rattraper le coup.

Je sais que je ne suis pas la seule à vivre ce genre de situation. L'éternelle enfant qui vit en moi en souffre.

Et je sais aussi que je ne grandirais jamais totalement

Commentaires

Moi, je me demande ce qu' adulte veut dire... Regarde tous ces gens qui gèrent parfaitement leurs comptes en banque, leur carrière, leurs loisirs et qui tombent des nues lorsqu'ils découvrent que leur enfant se drogue... Il n'y a pas qu'une façon d'être adulte, et nous apprenons tous toute la vie. Et les plus grandes gueules ne sont pas forcément les plus matures.
Tu sais, une vie bien réglée, c'est aussi souvent un besoin de sentiment de sécurité, donc l'aveu d'une vulnérabilité, aussi. Je ne veux pas dire que c'est mal, simplement, il faut en avoir conscience et savoir là-dedans, ce qui est important.

Écrit par : Ardalia | 25/03/2007

C'est pas bête ce que tu dis Ardalia. C'est vrai que je suis plus attentive à l'humain qu'au matériel. C'était un peu le contraire pour mon mari. Il gérait plus facilement le matériel que l'humain. On se complétait en quelque sorte.
Le côté matériel, je le gère quand même, bien obligée, mais ça me fait profondément ch***.
Merci de ton commentaire, il m'éclaire sur certaines choses.

UMA

Écrit par : Umanimo | 25/03/2007

Je vais mettre un 'tit grain de sel suite à ce billet , moi aussi. Il est illusoir de croire qu'en atteignant l'âge adulte, on se doit d'être adulte.

Au fil des événements de nos vies, il y a évidement des responsabilités " sérieuses" à prendre, par rapport à nos enfants par exemple. Tout ça c'est normal, il faut assurer... mais pour le reste !!!

Dieu merci il y a mille occasions dans la vie où on peut garder son âme d'enfant et s'émerveiller, rire ... je dirais même " déconner" : Mince quoi la vie est trop courte pour être sérieux tout le temps !

Pour moi, rester enfant c'est aussi ça, et surtout garde sa capacité à être ouvert, et là, Uma, je sais que c'est ton cas, et j'aime ça chez toi!

Aquar-elle

Écrit par : Aquar-elle | 26/03/2007

Tout à fait vrai aussi aquar-elle!
Garder son âme d'enfant, tout en assumant ses responsablilités d'adulte (même si elles nous pésent souvent), c'est peut-être ça réellement devenir adulte.

Mais c'est un équilibre difficile à maintenir.

UMA

Écrit par : Umanimo | 27/03/2007

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